Doit-on rester en couple avec un mari qui n’en fait qu’à sa tête et qui a un comportement égoïste ? Et est-ce que si on aime son partenaire de manière inconditionnelle, on devrait rester avec lui même si on est malheureux ?
C’est le sujet du jour qui constitue une réponse au message d’Emilie que voici :
Bonjour Sandrino,
Je suis mariée depuis 20 ans et nous avons 2 enfants. Mon mari est tombé amoureux d’une autre il y a 2 ans mais il ne veut pas qu’on se sépare ou qu’on divorce. Il n’est pas investi dans notre couple et dans notre famille.
Il me laisse faire tout et lui s’occupe de ses projets d’accomplissements personnels.
J’ai l’impression de ne pas être en couple. Je souffre de cette situation et j’ai envie de le quitter. Il me reproche d’être méchante à vouloir rompre notre couple (alors que nous dormons séparément depuis plus d’un an et qu’il gère sa vie comme s’il était célibataire).
Dans un de tes articles, tu écris : « L’amour conditionnel n’est pas de l’amour. Car l’amour est sans conditions ».
Alors n’est-ce pas une forme d’amour conditionnel que je lui impose en lui faisant comprendre que pour rester mariée avec lui je voudrais me sentir aimée et pas qu’il en aime une autre à ma place ?
Suis-je une personne rigide et incapable d’aimer inconditionnellement ? Est-ce juste des limites saines que je veux poser pour me sentir bien dans mon couple et en tant que femme ? N’est-ce pas de l’amour mais de l’emprise comme me le reproche mon mari ?
Je partage ça avec toi parce que j’apprécie beaucoup la justesse et le recul que tu as constamment quand tu détailles des situations. Si jamais tu voulais en faire un sujet de réflexion, j’en serais ravie. Merci. Emilie
J’ai coupé des extraits de l’email d’Emilie, mais ce qui en ressort clairement, c’est que son mari a une vie totalement décorrélée de son couple.
Il drague des femmes, il passe des nuits sur l’ordinateur à naviguer sur Internet, il sort et rentre quand ça lui chante.
Bref, il se comporte comme s’il était célibataire et qu’il n’avait pas de famille pendant que sa femme fait tout à la maison, le rangement, le nettoyage, les machines, les repas et les enfants. Et il lui reproche de vouloir le quitter comme si c’était elle la méchante (c’est elle qui m’a donné ce terme).
Personne n’est « méchant » dans l’histoire. Mais Emilie souffre de la situation et du comportement de son mari depuis plus de deux ans.
Et la question d’Emilie est intéressante car elle se dit que si elle aime vraiment son mari de manière inconditionnelle, elle devrait rester avec lui et accepter son comportement.
C’est une erreur de raisonnement.
Aimer quelqu’un de manière inconditionnelle, ça ne signifie pas qu’il faut supporter son comportement si on est malheureux avec cette personne.
C’est comme si une femme disait qu’elle reste avec son mari qui la bat tous les jours, parce qu’elle l’aime de manière inconditionnelle.
Ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’il faut rester avec cette personne si on est malheureux. Sinon, nous sommes prisonniers de nos sentiments.
Notre partenaire peut faire ce qu’il veut, il peut n’en faire qu’à sa tête et on devrait rester avec lui ? Et pourquoi pas lui donner de l’argent pour qu’il aille voir des prostituées pendant qu’on y est ?
On peut aimer quelqu’un et ne pas être heureux d’être avec cette personne si nos besoins fondamentaux ne sont pas comblés. Et nos besoins fondamentaux, c’est de nous sentir aimé, apprécié et reconnu.
Bien entendu, nous ne devons pas faire peser tout notre bonheur sur notre partenaire puis l’accuser de notre malêtre. Nous devons entretenir nous-même notre jardin intérieur et nous épanouir dans notre vie hors du couple.
Mais dans la situation précise d’Emilie, son mari n’est pas du tout investi dans sa relation et ne correspond plus à ce que l’on attend d’un partenaire.
Elle écrit « N’est-ce pas une forme d’amour conditionnel que je lui impose en lui faisant comprendre que pour rester mariée avec lui, je voudrais me sentir aimée et pas qu’il en aime une autre à ma place ? ».
Emilie n’impose rien à son mari. C’est plutôt son mari qui lui impose une situation difficile à vivre puisqu’il se comporte comme un célibataire, qu’il drague d’autres femmes, et qu’il ose ensuite lui reprocher de vouloir le quitter alors qu’il ne fait rien pour la rendre heureuse. Cela manque clairement de cohérence.
Emilie pose la question : « Est-ce juste des limites saines que je veux poser pour me sentir bien dans mon couple et en tant que femme ? ».
Oui, ce sont des limites saines et il n’y a pas de mal à cela. Il n’y a pas à se sentir coupable ni à se considérer comme égoïste à l’idée de quitter son partenaire dans ces circonstances précises.
Donc, je vais compléter ce que j’ai dit dans un précédent mail : l’amour est sans conditions mais nous avons le droit de quitter notre conjoint si nous sommes malheureux avec lui.
Ce n’est pas une décision égoïste de quitter notre partenaire si nous ne sommes pas heureux dans notre vie de couple. Bien au contraire, c’est le fait de rester en couple avec quelqu’un qui a un comportement égoïste, qui pose problème.
Je sais que de nombreux couples restent ensemble par habitude. Et c’est à chacun de faire ses choix personnels.
Mais il faut qu’un minimum d’ingrédients reste présent dans tout couple : la bienveillance, le respect, l’amour, le partage, l’entraide et l’écoute.
Visiblement, ces ingrédients ne sont pas (ou plus) présents dans le couple d’Emilie.
C’est à Emilie de prendre la décision de rester ou pas avec son mari. Mais cette décision ne doit pas être prise sous l’effet de la peur ou de la culpabilité (qui sont souvent des conséquences de la dépendance affective).
Cette décision doit être prise en conscience. Emilie doit prendre la décision qui lui permettra d’être heureuse et surtout de vivre son quotidien avec de la cohérence et de la stabilité.
Et au-delà de ce que doit décider Emilie, je pense que son mari devrait vivre en cohérence avec ce qu’il souhaite vraiment.
Si son mari souhaite vivre sa vie comme un célibataire, qu’il parte. Et à l’inverse, s’il souhaite vivre sa vie de couple avec Emilie en lui donnant de l’amour, de la bienveillance, du respect, et des moments de partage, qu’il reste avec elle.
Mais il est malsain de rester dans cette situation d’entre-deux qui n’est bonne pour personne, ni pour Emilie, ni pour son mari et encore moins pour leurs enfants.
Emilie, j’espère que cette réponse te sera utile.
A vous maintenant : avez-vous un avis, une réaction ou un commentaire sur ce sujet ? Vous êtes les bienvenus.
Merci Sandrino. J'ai lu et relu ta réponse. Merci infiniment de t'être penché sur ma question. Je crois quau fond de moi j'étais en attente de ce type de réponse, décidée, affirmée et qui me donne confiance.
Je n'ai pas peur d'être seule après toutes ces années (j'ai connu mon mari à l'adolescence), je me suis toujours sentie seule dans mon couple à lancer et porter tous les projets et les responsabilités liés à une vie de couple et de famille. Cela va alléger ma vie de me recentrer sur moi et les enfants, j'en aurai moins à faire et à porter et j'aurai enfin du temps à consacrer à moi-même.
Ce qui me fait peur c'est l'inconnu du comportement de mon mari dès que la séparation sera actée : depuis quelques mois sa colère enfle, des accès de violence sont visibles (sur des meubles heureusement pas sur moi) et il s'enferme, refuse de me parler et est méprisant. J'espère qu'il ne va pas utiliser les enfants pour me faire peur ou me culpabiliser…
Mon commentaire va vous apparaître dur mais franchement c'est le seul adéquat.
Ce cas de figure est tellement excessif qu'on pourrait le soupçonner d'être une caricature inventée de toutes pièces..
Il n'est pas nécessaire d'être psychologue pour crier tout aussitôt : "Madame fuyez immédiatement un être aussi abject car si vous le faisiez pas vous seriez soupçonnée d'être aussi tordue que lui et rien ne pourrait justifier de continuer autant d'humiliations, de mépris".
Bonjour Catherine,
Je peux vous assurer qu’aucune des questions auxquelles je réponds, n’est inventée.
Ce sont toutes des questions authentiques que je reçois par email ou parfois sur Youtube.
Ce qui est évident pour vous ne l’est pas forcément pour quelqu’un qui est dans la détresse.
Bonjour,
Mon commentaire sera plus nuancé que le précédent … cela dit je pense qu’Emilie devrait penser à elle , retrouver confiance, qu’il y a beaucoup d’hommes biens et respectueux qui sont prêts à donner de l’amour.
Ce témoignage fait écho à mon histoire, même si elle n’est pas aussi inquiétante.
Mon compagnon est un homme au caractère bien trempé ; marin-breton-têtu, qui vit pour sa passion, la voile.
Un homme plein de qualités, mais plutôt égocentré, cash, qui parfois manque de délicatesse !
J’ai aussi des interrogations quant à la pérennité de notre relation à cause de son caractère .
Il est en mission à l’étranger depuis 1 mois, nous avons eu il y a 15 jours une « prise de bec » en discutant par messagerie instantanée, où il a été plutôt sarcastique, et indélicat, et mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai finit par lui envoyer un message dans la nuit ( message respectueux) où je lui suggère que l’on fasse une pause, que j’ai besoin de réfléchir, et que j’en ai assez de ses sautes d’humeur etc …
Depuis, à part un petit message ou je lui ai demandé de ses nouvelles, (il était malade), sa réponse à été immédiate, mais il souhaite pas trop communiquer pour l’instant .
C’est vrai que c’est un dilemme pour moi, il est génial sur beaucoup d’aspect, et ces tensions n’existent que lorsqu’il est à l’étranger, son boulot est dur et il est isolé , et là moi aussi je gère mal mes émotions . Il revient dans 1 semaine .
Nous ne vivons pas ensemble, cela fait 1 an et demi que nous nous fréquentons,
Je l’aime et malgré tout je pense que son comportement reste égoïste, c’est un hyper actif qui avance sans faire très attention à ses proches.
Et puis, nous avons respectivement 55 ans et lui 60 ans.
Bref, si vous avez des pistes pour améliorer la situation, le retrouver dans de bonnes conditions , je prends, merci beaucoup
Sophie
Bonjour Sophie,
Le seul moyen d’améliorer votre relation, c’est de modifier votre communication pour entrer en connexion avec lui autrement que par des reproches (même s’ils sont fondés…).
Mais gardez à l’esprit que s’il est égocentré, il ne faut pas s’attendre à un changement de sa part.
Merci Sandrino,
Il est rentré depuis une semaine, nous avons convenu de nous voir demain, je vais effectivement appliquer une communication positive, exprimer mes besoins, et voir ce qu’il en sort !
Sophie